
Inauguration de la salle communale
L’Abbé LOUIS DAVAULT
13 JUIN 2015
La salle, auparavant paroissiale, avait été payée en grande partie par le propre argent de l’Abbé Louis Davault, le reste par les dons des habitants de Gouy en Artois.
Le terrain a été offert par Monsieur et Madame de La Salle.
La construction avait été réalisée par l’entreprise Ditte de Beaumetz Les Loges, la charpente et les boiseries par le menuisier M. Louis Mauriaucourt de Gouy en Artois.
La salle devait être inaugurée le 9 septembre 1939 par Monseigneur Dutoit, Évêque d’Arras. La mobilisation ayant été déclarée le 1er septembre, il n’y eut pas d’inauguration.
« Pour aider à ne jamais oublier » André Coilliot

SOMMAIRE
p. 3-4 Appel au peuple de l ‘Abbé Davault dans le bulletin paroissial pour la salle
p. 5-7 – L’Abbé Davault raconte sa vie et son engagement
p. 8-9 – «Un curé passeur d’hommes et releveur de ruines » (M. Beirnaert)
p. 10-12 – L’évasion de Gouy, le maquis, l’après-guerre (M le Chanoine Berthe)
p. 12 – L’Abbé cache 2 soldats après le massacre de Simencourt
p. 13-16 – L’abbé Davault (M. Coilliot)
p. 17-21 – « Passeur d’hommes » (M. l’Abbé Duchamblo)
p. 22 – Combat de Laye – Hautes Alpes – (M. Delafoulhouse)
– Arrestation manquée (M. l’Abbé Duchamblo)
p. 23 Lettre de l’Abbé Davault à la maman d’Amédée Para au lendemain de sa mort à 18 ans
p. 24 Le général De Gaulle décerne à l’Abbé Davault la Croix de Guerre avec palmes
p. 25 L’Abbé Davault défend Monseigneur Dutoit, évêque d’Arras, à la libération
p. 26 L’Abbé Davault concourt à la création d’une « ferme à spiruline » en Afrique
p. 27 Prière écrite par l’Abbé Davault pour son enterrement
p. 28-30 Témoignages
p. 30 Remerciements
Appel au peuple de l’Abbé Davault pour que les habitants participent à la kermesse organisée pour
finir de couvrir les frais de la salle paroissiale
NB : Il s’agit du seul document rédigé de sa plume que la commune de Gouy possède. Source page suivante : .
« NOTRE KERMESSE
Elle aura lieu, retenons bien la date, le DIMANCHE 2 JUILLET prochain, dans le cadre de toute beauté qu’est le parc du château de Gouy.
Je la recommande à votre sollicitude. Il faut qu’elle réussisse. Il faut qu’elle donne des résultats satisfaisants qui permettront de couvrir pour une bonne part, du moins je l’espère et le souhaite, les frais de la salle paroissiale qui, ne l’oubliez pas, doit être bénite par Monseigneur l’Évêque, le dimanche 9 Septembre.
(Entre parenthèses, n’ajoutez pas foi au « canard » qui dit que la Kermesse doit permettre de solder l’installation du chauffage central. Je vous ai fait confiance sur ce point et je suis sûr que la bonne volonté d’un chacun me permettra de combler d’ici là les 6.000 qu’il me reste à payer.)
Chacun de vous peut faire quelque chose et contribuer « au succès de la Kermesse ».
La plus petite obole qui nous vient de nos paroissiens pauvres ou de nos amis du dehors, sera reçue avec reconnaissance. Mais il en est parmi vous que Dieu a fait plus riches. Que ces favorisés de la fortune se fassent une joie d’ouvrir plus largement la main.
Dans une Kermesse il y a des comptoirs, il y a aussi des jeux et des attractions qui en font le charme. Nous avons voulu que notre Kermesse soit une des plus belles de la région. Peut-être sera-t-elle la plus belle. C’est possible, car si la date en a été changée, c’est précisément pour nous assurer des concours qui nous permettent tous les espoirs.
Mais ces comptoirs, ces jeux, ces attractions, il faut les approvisionner : les jeux demandent des prix, le buffet demande à être ravitaillé, en solide et en liquide. C’est à vous, mes chers paroissiens, que je me permets de faire un appel… de bouteilles…
Allons ! un beau geste !… un litre de vin, une bouteille de mousseux… Et quel plaisir ce sera pour vous de régaler nos visiteurs !
Et que de choses vous pouvez encore apporter : le presbytère est grand. Que de lots il peut contenir, des lots qui doivent être multiples dans leur diversité, pour satisfaire tous les goûts.
Qui donc n’aura pas donné quelque chose pour la réalisation de la Salle paroissiale et pour le maintien des Œuvres qu’elle abritera ?
Invitez vos parents et amis à vous accompagner à notre Kermesse. Ils vous sauront gré, croyez-le bien, de leur avoir procuré de charmantes distractions, en même temps que le moyen de participer à une œuvre dont l’utilité est incontestable.
Vous trouverez, d’autre part, le programme succinct de cette fête magnifique dont le clou sera incontestablement ?…. (Ceci se passera le soir, et je préfère vous en laisser la surprise.)
Il faut que l’on refuse du monde à « Notre Kermesse ».
A tous, paroissiens, bienfaiteurs et amis, j’adresse mes remerciements pour leurs dons généreux et leur concours, et je vous donne rendez-vous dans le parc du Château, le DIMANCHE 2 JUILLET PROCHAIN.
TOUJOURS A PROPOS DE LA KERMESSE…
Avez-vous pris des billets ? Avez-vous placé les billets qui vous ont été confiés ?… Avez-vous réfléchi à ce que vous pourriez donner pour la tombola qui doit trouver le chiffre fantastique de 800 lots ? (Cherchez dans vos placards, dans vos greniers : vous trouverez certainement des choses oubliées et superbes qui seront très bien accueillies.)
Avez-vous déjà marqué les poulets, canards, lapins, que des personnes de bonne volonté « ramasseront » pour la Kermesse ?
N’oubliez pas non plus le beurre et les œufs pour les pâtisseries et les gâteaux… D’avance un grand et gros Merci ! ! !

L’Abbé Davault raconte sa vie et son engagement
Source : Article du Cercle Historique Portélois – Juillet 1987. M. Jean BOUVEUR écrit : J’avais demandé depuis déjà très longtemps à Louis DAVAULT, prêtre portelois, de raconter ses engagements et ses aventures de la résistance, commencées en mai 1940, il faut souligner la date. Car le point de départ de ses événements était situé à 6 Kms d’Avesnes le Comte, c’est-à-dire à Gouy en Artois.Louis DAVAULT était très réticent à l’idée de raconter ses exploits. (…)
Histoire, dans la résistance d’un prêtre portelois décoré par le général DE GAULLE, le 11 novembre 1944



Un curé passeur d’hommes et releveur de ruines : Louis DAVAULT
Source : 2 pages écrites par M Michel BEIRNAERT – avec son aimable autorisation, voir aussi dans les pages ci-après – dans 100 figures de la Résistance dans le Pas-de-Calais, Éditions Les Échos du Pas-de-Calais. Collection Cent figures. Novembre 2013
L’évasion de Gouy, l’arrivée au maquis, l’après-guerre (éléments de biographie) Notes du chanoine Léon Berthe
NB : Le chanoine Léon Berthe (1923-2007), historien et archiviste diocésain à Arras, a rédigé ces notes afin de publier une monographie sur l’Abbé Davault.
Il a écrit de multiples fois à celui-ci pour obtenir le récit des actions de l’Abbé pendant la guerre – la correspondance, qu’ils ont échangée, conservée aux Archives Diocésaines d’Arras que nous avons consultées, le prouve – mais l’Abbé Davault a toujours refusé de se mettre à ce point en valeur. Malgré l’intercession active de Pierre D’Hollander et de M. Auguste Hornoy, le chanoine Berthe n’a rien pu obtenir.
L’abbé Davault, dont le caractère était bien trempé, avait rédigé ses mémoires mais a décidé de brûler l’ensemble de ses propres notes, sans doute une vingtaine d’années avant sa mort. Il aurait déclaré que – de toute façon, personne ne se souviendrait d’eux (les résistants) et que la France était «fichue » –
« Renseignements recueillis auprès de MM. HORNOY et WATTEBLED.
Né le 5 janvier 1911 à Etaples, où ses parents étaient grands cordiers ( fabricants de cordages),ordonné le 4 février 1934 (à 23 ans), il n’a pas fait de service militaire, étant de santé déficiente. Cet état de santé le fait mettre en congé sitôt après son ordination. Il retourne un moment à Notre-Dame-du-Lau, chez les chanoines réguliers de 1’Immaculée-Conception , qu’il connaissait déjà comme séminariste. Sa santé s’améliorant, il revient dans le diocèse et est nommé curé de Gouy en Artois le 9 juillet 1936. Il y est toujours quand la guerre éclate, en septembre 1939.
L’abbé DAVAULT aux yeux de tous est un patriote. Au lendemain de l’invasion, n’a-t-il pas refusé de serrer la main que lui tendait unofficier allemand : «Vous avez tué mon père (en 1914) …»
Dès le début de l’occupation, il s’occupe activement de l’hébergement, de la mise à l’abri de militaires anglais que l’on essaie de faire repasser en zone libre.Il est arrêté une première fois par les Allemands fin 1940,mais relâché faute de preuves.
Bientôt il reprend ses activités clandestines, en liaison avec des ecclésiastiques comme le curé d’Hauteville ,l’abbé Julien BERTELOOT (né à Saint-Omer en 1911,curé d’ Hauteville depuis 1936), le curé de Rebreuviette également, 1’abbé A. LOURIER ( prêtre hollandais), en liaison aussi avec le directeur d’école et greffier de mairie de Fosseux, Auguste HORNOY, qui sera pour lui désormais un ami très cher,tout socialiste affirmé qu’il est.
Le 23 septembre 1941 les Allemands viennent pour l’arrêter à nouveau. Ils sont trois à sonner au presbytère un jour où il s’y trouve, occupé dans la cour à gonfler un ballon pour ses jeunes gens. Madame DUSSAUSOY, sa gouvernante, reçoit ces messieurs à la cuisine. Repéré tout de suite, l’abbé rentre. Les Allemands le prient de les suivre : « Permettez que je me lave les mains. » « Oui « . pendant ce temps la gouvernante s’entretient avec eux. Le retour de l’abbé dans la cuisine tarde à se faire; les Allemands s’inquiètent, vont voir dans la pièce à côté; plus personne! la fenêtre est ouverte, il n’y a pas de doute: l’oiseau s’est échappé.
Effectivement, l’abbé a contourné la maison par le jardin, il a passé la porte située en face de la sacristie. En longeant l’église,il est allé chez M.CAUDRON, a raconté d’un mot le danger qu’il courait. Effrayé, M.CAUDRON lui a suggéré d’aller voir Pierre D’HOLLANDER,ceque l’abbé a fait immédiatement. Pierre était chez lui. En quelquesinstants, le tombereau est attelé, quelques ballots de paille, du foin y ont été jetés. S’étant mis tout de suite en civil, en habits de coutil, le curé est caché en dessous, avec à ses côtés la carabine de Pierre. On repassera dans la rue même tout à proximité des allemands qui le cherchent désespérément. L’attelage prend la direction du Calvaire Louison par un chemin de terre peu fréquenté où Pierre aurait pu malgré tout trouver sa perte : en effet, plus tard un cultivateur racontera comment il avait saisi, lui, que le curé de Gouy n’avait pu être « embarqué » que par D’HOLLANDER, qu’il a reconnu, conduisant un bel après-midi son tombereau dans le chemin creux, tout en causant avec quelqu’un… « Pierre n’est pas fou… il y a sûrement quelqu’un avec lui, dans son tombereau « .
L’abbé DAVAULT a pour objectif immédiat d’atteindre Mondicourt,où enseigne celui qui fut son premier instituteur au Portel et dont il garde le meilleur souvenir M.WATTEBLED. Mais il ne veut pas que Pierre D’HOLLANDER prenne des risques excessifs et aille plus loin que L’Arbret. Donc à L’Arbret, on se quitte. Un peu plus loin, à La Bellevue, notre abbé en civil subtilise un vélo usagé qu’il fera revenir par la suite, au plus vite, à son propriétaire,. vélo qui sera alors muni d’une pompe neuve !
En bicyclette, Mondicourt est rapidement atteint. M.WATTEBLED voit entrer chez lui quelqu’un qu’il reconnaît sans peine malgré sa défroque : le petit DAVAULT a été son brillant élève pendant plusieurs années, du temps où il était suivi par ailleurs par ce très dévoué vicaire du Portel qu’était l’Abbé BRICHE, (futur curé de Saint-Laurent-Blangy, puis chapelain de Notre- Dame de Lorette). Quand il apprend que l’abbé est poursuivi par les Allemands il n’a pas un instant d’hésitation : il 1’hébergera pour la nuit et aussi longtemps qu’il faudra, jusqu’à ce qu’on ait trouvé la solution ; il s’agira de lui faire passer la Somme, la fameuse ligne entre zone interdite et zone simplement occupée.
Dans un premier temps,M. WATTEBLED pense à confectionner une fausse carte d’identité . Mais il a beau être secrétaire de mairie, il ne fera rien au nom du maire sans son accord. Pressenti dès le lendemain, celui-ci se récuse, pour des raisons de famille, dit-il : c’est vrai qu’il a 7 enfants. Il faudra donc se passer de sa signature.
C’est alors que M. WATTEBLED a l’idée de s’adresser à un élève-maître (NB : jeune élève de l’École Normale étudiant pour devenir instituteur) en stage à l’école de Mondicourt, M POULTIER,qui,ayant de la parenté dans la Somme, est en possession d’un laisser-passer: il accepte volontiers de prêter son Ausweiss. Il suffira d’une photo de l’abbé remplaçant la sienne. Rapidement le tour est joué sans que le maire puisse être mis en cause cette fois. Le curé en civil a bien failli être reconnu chez le coiffeur de Doullens, où il a eu l’audace de se faire couper les cheveux.(Un Allemand lui a dit : » Bonjour, Monsieur le curé »…) Finalement tout est prêt. Et muni d’une serviette « d’élève-maître » remplie des documents pédagogiques que M. WATTEBLED lui a donnés, l’abbé DAVAULT passe la Somme comme une fleur…, presque vexé que l’Allemand n’ait jeté qu’un coup d’œil fugitif sur son Ausweiss. Celui-ci, quelques jours plus tard, reviendra vers son propriétaire par la voie postale, sans plus d’explication bien entendu…
Pour en terminer avec l’épisode dangereux de Mondicourt, un nom encore mérite d’être cité: celui de l’inspectrice de l’enseignement primaire, MlleBERGER. Ayant deviné que celui qu’abritait M.WATTEBLED était un patriote traqué par l’occupant – un curé par surcroît – , elle n’a pas hésité, elle aussi, à lui offrir ses services. Disposant d’une voiture, elle veut bien l’emmener où besoin était. Mais les risques étaient grands. L’abbé a jugé préférable de prendre le large au plus vite… Il n’en sera pas moins reconnaissant envers Mlle BERGER,comme envers M. POULTIER,comme envers celui qui est devenu son ami jusqu’à la mort, son ancien maître du Portel.
Sorti du guêpier, l’abbé, à Amiens, prend le train pour Paris. Il ne fera pas un long séjour dans la capitale où l’on est toujours à la merci d’une rafle. Trempé jusqu’aux os, par une pluie battante – son pantalon de coutil ayant singulièrement rétréci sous l’orage, il est entré dans un cinéma,dont il garde un bien mauvais souvenir : il n’avait pas choisi la salle… et tout d’un coup s’est aperçu qu’il n’était entouré que de soldats de l’armée allemande… Brrr…
Le revoici dans le train, celui de Bordeaux cette fois. A Bordeaux encore, l’étape sera des plus brèves, le temps d’une consommation au buffet de la gare : l’abbé s’est cru reconnu par un individu qui le regardait avec insistance… Aussi s’est-il levé rapidement, faisant semblant d’aller aux toilettes, mais ,sans se soucier de sa serviette restée sur la banquette, on ne l’a plus revu…
La ligne de démarcation sera passée sans histoire plus au sud, dans les Pyrénées-Atlantiques, près de Dax. On est peut-être méfiant dans ce pays frontière. D’une part, c’est une supérieure de Maison religieuse qui voudra bien le recevoir pour un temps, mais après s’être assuré que ce soi-disant prêtre du Nord – toujours en civil – sait célébrer la Messe « sans se tromper ». Après cela, tel
archiprêtre de Dax a semble-t-il bien reçu le célébret(?) que l’abbé avait confié à M. WATTEBLED et qui
comme convenu, lui a été envoyé là-bas : il n’a jamais voulu le lui donner…. Pour quelle raison ? Mystère …
Finalement le fugitif arrive à Lourdes, trop heureux de pouvoir là à la fois exprimer son Deo Gratias par l’intermédiaire de Notre-Dame…, et envoyer une bonne carte à un grand nombre de ses paroissiens de Gouy (P. D’HOLLANDER en premier) ainsi qu’à M. WATTEBLED, à Mlle BERGER, etc. pour les rassurer tout-à- fait sur son sort, leur montrer qu’il est parvenu à bon port avec leur aide !
On n’est encore qu’en automne I94I. L’abbé DAVAULT est en zone libre, et définitivement à 1’abri, pensera-t-on, du moins s’il entend rester tranquille. Avec sa santé si déficiente, n ‘est-ce-pas ce qu’il a à faire ? Mais croire qu’il puisse mettre son patriotisme en veilleuse jusqu’à la fin des hostilités, ce serait mal le connaître.
Dans quelque temps, on le retrouvera comme curé de la Rochette dans les Alpes, ayant fait de son presbytère le lieu de rassemblement des maquisards du quartier.La résistance lui donne occasion de nouer de nouveaux liens d’amitié, en Savoie et dans la région rhodanienne, d’entrer en relations avec le général BÉTHOUARD, comme avec nombre de petits, de sans-grade de l’armée de l’ombre.
Dans les derniers mois de la guerre, ils ne sont plus une poignée seulement ceux qui savent qu’il est « l’aumônier des F.F.I. des Hautes-Alpes « …
Au lendemain de la Libération, dès le 6 octobre 1944, 1’abbé DAVAULT est de retour dans le Pas-de-Calais, à la fois pour exprimer sa gratitude aux amis qui lui ont sauvé la vie et pour saluer son Évêque .Réfugié au château de Gommecourt, Mgr DUTOIT est plutôt en mauvaise posture. Loin de 1’accabler, le curé résistant lui redit son attachement, 1’aidera s’il en est besoin, lui demande aussi l’autorisation de retourner un temps encore dans les Alpes pour revoir ses amis et paroissiens. L’accord donné, il repart pour quelques mois à La Rochette.
Nommé curé de Bonnières, en juin 1945, il se dépensera sans compter pour hâter la reconstruction d’un village et d’une église entièrement dévastés. Chaque famille aura retrouvé sa maison en dur quand l’abbé DAVAULT logera encore dans un baraquement ouvert à tous les vents. Altérée depuis longtemps, sa santé ne pourra plus se rétablir.
Mai 1940 : L’abbé Davault cache 2 soldats
NB : Suite à l’attaque de 2 tanks français sur un convoi allemand, le village de Simencourt est victime de représailles ; 8 des habitants sont fusillés. Les 2 tankistes, recherchés activement par l’ennemi arrivent à s’enfuir vers Gouy.Source K Deberles dans la Voix du Nord du 12 mars 1980
« Les soldats se réfugièrent au presbytère de Gouy en Artois. L’abbé DAVAULT, curé du village, qui fut un grand résistant, les cacha dans la cave.
A la patrouille qui se présente, il dit : « Dans la cave ? Il n’y a que des enfants. », pieux mensonge qui sauva les soldats français. »
NB : Des soldats étaient aussi cachés au château.
L’ABBÉ DAVAULT
Source : Ces informations proviennent de l’immense et remarquable travail de M. André COILLIOT, qui nous a très aimablement permis de citer et recopier les paragraphes de son livre, entre autres ici: 1940-1944, 4 LONGUES ANNEES D’OCCUPATION, Le récit des événements vécus dans la région d’Arras, Tome III juin 1944 – Sept. 1944, 1986, imprimés par A.C.K. à Arras. (p300-302)
«L’abbé Louis DAVAULT arrive à Gouy-en-Artois le 9 juillet 1936. Né en 1911, de la jeune génération de la guerre 1914-1918, fils de tué, il est élevé dans le culte de la patrie. Première raison qui le conduit à s’opposer aux envahisseurs. De plus, sa volonté farouche de “résister”, de “gêner” ne fait qu’augmenter après cette rencontre à Habarcq le 19 mai 1940, d’un colonel à la tête d’un détachement français en retraite qui lui tient des propos défaitistes et totalement aberrants. Peiné au plus profond de son cœur, il se jure de tout faire pour laver ce qu’il considère comme un affront à l’armée et à la France. A cette époque, comme il est “maintenu réformé”, il a en charge les paroisses du doyenné de Rivière dont les prêtres sont mobilisés.
Lorsque l’invasion se produit et que les forces armées allemandes s’établissent en force dans notre région, l’abbé qui a déjà aidé des rescapés du massacre de Simencourt, se trouve’ maintenant mêlé à un autre problème : celui de secourir bien des soldats britanniques qui n’ont pas su rallier Dunkerque et qui reviennent, après bien des péripéties, dans notre région où ils ont été cantonnés. Se met alors sur pied un “mouvement de récupération” dont le siège est la ferme LANTOINE, rue des Traversins à Gouy.
Ce “réseau” qui va bientôt s’étendre d’Arras à Doullens (avec les prisonniers enfermés à la Citadelle), St-Pol et Hesdin va bientôt compter dans ses rangs Monsieur et Madame FRASER, Jules GOSSE, bien du personnel de la Caisse d’Allocations Familiales, Mr VAN- DAMME, masseur, Mr ROUSSEL, armurier, Mr GAFFET, directeur du garage Peugeot, des employés de la Préfecture, l’INSTITUTEUR de Wanquetin, les curés d’Hauteville (J. BERTHELOT), de Croisette (F. FAUQUEMBERGUES) et de Conchy-sur-Canche (E. REGNIER) et bien d’autres personnes dont les noms sont malheureusement tombés dans l’oubli.
Le but de ce réseau est de convoyer les militaires anglais et en ce qui concerne les officiers, il s’agit de les “passer” vers le Consulat américain de Marseille. Énorme travail qui nécessite la mise en place d’un tissu serré de passeurs, de correspondants et d’asiles sûrs. Le principal accompagnateur est Monsieur GOSSE (Cf aussi le Tome 1 Ch 2) qui connaît parfaitement toute la filière tant en zone interdite (avec point de passage à Port le Grand) et ceux de la zone occupée situés entre Vierzon et Nantes.
Dès fin juin 1940, commence alors pour tous les membres de ce réseau la mise sur pied d’un convoi hebdomadaire.
Le 22 décembre 1940, Monseigneur DUTOIT appelle d’urgence l’abbé DAVAULT à l’évêché et lui annonce qu’il est tout à fait au courant de ses activités parallèles. Il l’encourage à les poursuivre en prenant toutes précautions utiles et le met en garde contre les délateurs de son propre entourage, puisque c’est par ce biais qu’il a été informé. Pour parer à toute éventualité qui peut avoir des suites fâcheuses, l’évêque lui établit en bonne et due forme une autorisation de congé de longue durée pour raison impérieuse de santé.
Ces pressentiments sont fondés puisque le 3 janvier 1941, un émissaire de la Préfecture vient l’avertir de quitter les lieux le plus tôt possible sous peine d’ennuis sérieux. Les routes verglacées empêchant toute circulation, il part trouver refuge chez Mr et Mme MALVOISIN au Calvaire Louison, entre Beaumetz et L’Arbret. Quelques jours plus tard, dès le redoux, Mr GAFFET le prend en charge avec Mr GOSSE et 3 Anglais rescapés d’une rafle effectuée le jour de Noël 1940. Parvenus à Port le Grand, ils apprennent l’arrestation du passeur et pour ces hommes, c’est alors une course poursuite d’Abbeville à Doullens am Mr GAFFET réussit à s’engager en catastrophe dans la contre-allée située en haut de la côte et par une chance inouïe, ils trouvent un camion de la maison HONORÉ de Lille, transportant un chargement d’oignons jusqu’aux halles de Paris.
Parvenu à Vierzon, l’abbé se trouve devant le problème de la crue du Cher et par des chemins détournés, il
arrive à Marseille où sur avis médical, il part prendre du repos à Hyères chez les Franciscaines. Pour lui, c’est le premier grand entracte qui lui permet d’établir avec Mr GOSSE un certain nombre de contacts fort utiles tant sur la Côte d’Azur qu’en Provence.
Laissons relater l’Abbé DAVAULT.
“En juillet 1941, persuadés d’être complètement oubliés des Allemands, avec Monsieur GOSSE, nous décidâmes de rentrer dans le Pas-de-Calais à Varennes le Grand situé sur la ligne de démarcation. Nous restâmes une journée complète à aider des gens à changer de zone, dans l’un ou l’autre sens, lorsqu’au tout dernier convoi, le soir, nous fûmes “cueillis” à un lavoir qui servait de point de passage et emmenés à la Kommandantur installée dans les locaux des douanes à Châlons-sur-Saône.
Après de multiples interrogatoires, des vexations, des mauvais traitements, une mise au cachot pendant 3 semaines pour finalement, faute de preuve, être refoulés en zone libre le 12 août 1941 et pour revenir en zone occupée dès la nuit suivante.
Le 14 août, nous passâmes la ligne de démarcation à Villers-Bocage et je rentrai à Gouy le 15 ou j’assurai les services religieux de l’Assomption avec procession traditionnelle l’après- midi et je prononçai alors un sermon un peu trop “voyant” sur Notre Dame de la Moisson et surtout sur Notre Dame de France !
Le lendemain, un jeudi, n’ayant pu participer au convoyage de 5 officiers anglais (en fait, c’était un piège), j’appris l’arrestation de Messieurs GOSSE de Beaumetz, BLAMPAIN du Calvaire Louison et d’un passeur.
L’après-midi, je reçus la visite de 5 de ces “Messieurs au presbytère et… je filai à leur nez”.
Pierre DHOLLANDER de Gouy raconte :
“J’avais entendu le sermon de l’abbé et très bien compris ses sentiments anti-nazis et je lui avais conseillé ne pas rester au village plus longtemps. Il avait reconnu les dangers encourus, mais il n’en était pas pour autant décidé à s’en aller.
Ce jeudi là, j’étais parti conduire un chariot de blé au silo de L’Arbret et, au retour, un habitant de ce hameau vint m’accoster pour m’annoncer l’arrestation toute récente du curé ! Cela devait arriver, me dis-je. Je forçai l’allure de mon attelage et je rentrai à Gouy. Arrivé à la ferme, je partis vers le Presbytère où j’y rencontrai la gouvernante, Madame DUSSAUSSOY, encore toute désemparée et je l’interrogeai sur ce qui venait de se passer. “L’ont- ils emmené ? Comment ?” – “Non”, me répondit-elle et elle me relata l’aventure.
“L’abbé était à sa fenêtre. Il réparait un ballon de football pour les enfants. Trois hommes en civil sont descendus d’une voiture et en lui parlant à distance, deux sont entrés dans la maison. Le prêtre se leva, prétextant d’aller se laver les mains et tandis que les deux policiers pénétraient dans le corridor attenant à la pièce, il disparut.”
Ne trouvant que la brave gouvernante , il l’interrogèrent et se rendirent compte du bon tour qu’ils venaient d’encaisser !
En fait, pendant ce temps, l’abbé avait franchi un mur et était parti trouver refuge chez les CAUDRON. Il y reçut des vêtements civils et de là, il gagna une grange de ma ferme”. Surpris, mais toujours satisfait de ce que le prêtre avait pu filer, je rentrai et par Monsieur CAUDRON, j’appris son arrivée chez moi. Aussitôt je me dirigeai vers la dite grange et trouvai le prêtre derrière la paille. Je lui posai cette question : “Où voulez-vous aller ?” Il me répondit : “A Mondicourt, chez Mr WATTEBLED, l’instituteur de mon enfance”. Je fis préparer un tombereau, le chargeai de paille, y fis s’y glisser l’abbé, lui ajoutai sa bicyclette et par des chemins de terre, je partis le déposer à La Bellevue. Je le quittai et de là, il gagna facilement son refuge.”
Après une longue errance tout le long de la ligne de démarcation, tous les passeurs ayant été arrêtés ; après maintes péripéties, l’abbé descendait jusqu’à Dax, remontant à Gap où il se mettait,
sous un nom d’emprunt, à la disposition de Monseigneur BONNABEZ. Nommé curé de la Rochette dans les Hautes-Alpes en novembre 1941, il prenait contact avec les Alsaciens-lorrains incorporés dans l’armée d’Armistice pour préparer un plan de repli si nécessaire. De plus, l’arrivée de nombreux jeunes qui ne voulaient pas se laisser prendre au jeu de la “relève” l’entraînait à fabriquer des fausses cartes d’identité et à se procurer des cartes de ravitaillement.
Dénoncé aux Italiens pour ses activités, l’officier chargé de l’arrêter se récusait et s’excusait devant cet homme en soutane.
Le 11 novembre 1942, les Allemands pénétrant en zone libre, confrontés militairement à Gap, avec les forces italiennes, beaucoup d’hommes de ces dernières cherchaient alors à repartir chez eux par les montagnes et passaient par le presbytère de la Rochette où ils donnaient des armes en échange de cartes et guides de la région. Mieux encore, sur les renseignements précis reçus d’un officier, il pouvait faire récupérer un canon de 75 mm et un lot d’obus au château de Charance à Gap… en vue de la libération de cette ville !
Le 12 novembre, les Alsaciens en garnison à Gap s’égaillaient dans la nature et bon nombre arrivait au presbytère. L’abbé DAVAULTen envoyait un groupe de trente à St-Jean St-Nicolas pour aider l’abbé POUTRAIN (de Croisilles) qui construisait là-bas un centre d’apprentissage rural. D’autres étaient placés dans des fermes, quant aux irréductibles, ils formèrent le noyau du premier maquis armé des Hautes-Alpes. Si leur présence ne suscitait au début qu’un mouvement de curiosité mitigée, ces jeunes eurent tôt fait de se faire des amis et de cristalliser bien des volontés et des énergies, surtout avant l’arrivée, en 1943, des premiers réfractaires au STO dont certains voulaient en découdre.
Ce premier maquis, assez itinérant pour échapper aux investigations allemandes, essaimait bientôt en différents points de la vallée et éveillait l’intérêt de l’O.R.A. (organe de la Résistance de l’Armée). Les réfractaires placés dans les fermes, et les jeunes du pays, regroupés sous le titre de sédentaires, manifestaient impatiemment leur volonté de se battre à la première occasion, d’où la nécessité de les entraîner au tir et à la guérilla, enseignement où excellait Pierre POUTRAIN, frère de l’abbé POUTRAIN et officier de réserve. Entre-temps, la fabrication des fausses cartes prenait une ampleur plus qu’artisanale et la visite alternée de différents camps lui demandait beaucoup de temps. Un matin, en rentrant d’Ancelle, il voyait du haut du col le presbytère investi par un détachement allemand. Après un repli, des déménagements chaque nuit jusqu’en novembre 1943 où le secrétaire général de la Préfecture de Gap envoyait une voiture qui l’emmena 2 heures avant l’arrivée de la Gestapo.
Grillé dans les Hautes-Alpes, il était muté dans la Drôme où sous une nouvelle identité et sous couvert de seconder l’archiprêtre souffrant d’Etoile-sur-Rhône, il devenait officier de liaison du Colonel BAYARD (général DESCOURS) pour la Drôme, la région lyonnaise, le Vercors et le Valbonais.
Lors de l’arrestation de résistants à Valence en mai 1944, il se repliait sur Tanlignan, chez les pères de DOM GREA qu’il abandonnait le 6 juin 1944 pour rejoindre la maquis ORA d’Ancelle et assumer la charge d’aumônier des maquis des Hautes-Alpes.
Vie singulièrement mouvante et diversifiée des camps, avec entre autres sa participation le 20 juillet 1944 au combat de Laye, le 20 août à la libération de Gap (facilitée par l’utilisation du canon de 75 mm récupéré en novembre 1942) et le 7 septembre, à la reprise de Briançon, abandonnée par les Américains, lors d’une contre-attaque venue d’Italie.
Le second entracte dans la vie de ce prêtre s’effectuait avec son retour à la Rochette, tout en continuant
d’assurer (avec l’autorisation bienveillante et expresse de Monseigneur DUTHOIT,
évêque destitué d’Arras, rencontré en octobre 1944 au château de Couin), l’aumônerie des troupes du 11e Bataillon de Chasseurs Alpins, maintenues le long de la frontière italienne.
Après un dernier engagement armé le 24 avril 1945 à Auguilles en Gueyras, l’abbé DAVAULT, le “réformé de 1939”, était démobilisé le 29 juin 1945 et sur sa demande, il arrivait pour exercer son ministère dans une commune des plus détruites de France, Bonnières, près de St-Pol le 2 juillet 1945.
A la veille de terminer la résurrection de la paroisse, avec la bénédiction de la nouvelle église, il faisait une grave rechute de santé à Pâques 1956 et il était obligé de se fixer en la presqu’île de Giens.
Adjoint à l’aumônier de l’hôpital Renée SABRAN à Giens, chargé d’une maison d’enfants (cas sociaux) jusqu’en 1973, avec en intermède, en 1962, une trépanation due aux mauvais traitements subis en juillet 1941 à Châlons-sur-Saône, il assure depuis 1973 le service religieux du village vacances-familles de Giens (2000 pensionnaires).
On apprendra également pour conclure, cette anecdote amusante liée à la vie exaltante de ce prêtre.
Le 22 août 1944, le préfet de Gap, Mr PASCAL, vénérable du Grand Orient 33e degré, lui annonça que le comité de Libération avait destitué Mgr BONNABEL, jugé pétainiste et collaborateur et l’avait élu Évêque de Gap à sa place ! Le refus d’une telle promotion (peu légale, certes) lui valut cette apostrophe, bien jolie, d’un dignitaire du Grand Orient : “Mais, vous vous dérobez à votre devoir, Monsieur l’Abbé, car VOX POPULI, VOX DEI !”
« Passeur d’Hommes »
Le texte qui suit, rédigé par l’abbé Richard DUCHAMBLO, daté du 13 juillet 1945, a été publié dans le Premier Cahier de « Maquisards et Gestapo», imprimé en 1946.
Les 19 cahiers de « Maquisards et Gestapo », au tirage limité ont vite été introuvables. Ils ont été ré-édités en 2005.
Article que nous a envoyé M. Bernard DELAFOULHOUSE, que nous remercions beaucoup. Sans lui, nous n’aurions pas été au courant des détails de ce combat.
NB :Le prêtre dont il est question est bien entendu l’Abbé DAVAULT, comme on le comprend à la lecture du texte.
« Peut-être avez-vous vu ce film ? Peut-être avez-vous le livre encore plus beau de Martial Lekeux ? Ce titre s’est imposé à nous lorsque nous avons voulu raconter, malgré lui, certaines aventures de ce prêtre qui sut arracher aux griffes de l’occupant 972 Français. Neuf cent soixante douze.
Quel est donc le nom de ce prêtre ? Sa modestie, trop grande à notre avis, ne nous permet pas de vous le dire. C’est à grand peine déjà que nous avons pu lui arracher quelques bribes de son histoire, quelques morceaux de souvenirs qu’il faut additionner avec d’autres confidences surprises aux heures de détente. Profitons d’un oubli. S’il nous est défendu de révéler le nom que ce prêtre porte sur les registres de l’état civil, voici du moins ceux qu’il a rendus célèbres parmi les milieux de la Résistance : L’ABBÉ LEROY, M.LEPRÊTRE, GONZAGUE, DOM PASTIS OU SIMPLEMENT LA ROCHETTE.
En ce temps-là, DOM PASTIS était curé d’une paroisse du Pas-de-Calais. Il avait vu s’installer chez lui les Anglais traînant avec eux leur confort, toujours impeccables et rasés comme s’ils allaient à une partie de tennis. Il les avait vu refluer précipitamment devant la poussée des masses germaniques. Or, le 20 mai 1940, une vingtaine de soldats anglais et français lui tombent sur les bras. « Aidez-nous à passer, Monsieur le Curé, nous ne voulons pas nous rendre ». Les patrouilles allemandes sillonnent à chaque instant la contrée déjà dépassée par la grande marée de l’invasion. Péril de mort ? Bah ! Monsieur le Curé n’hésite pas. Avec l’aide de quelques paroissiens, en deux jours, il fait passer les vingt soldats.
Ce beau coup attire sur lui l’attention des services anglais et c’est ainsi que monsieur le Curé entre dans uns chaîne d’évasions. Sa cure devient un relais connu des Services officiels… et secrets, évidemment. Les évadés, les prisonniers arrivaient presque régulièrement. N’y avait-il pas dans un camp voisin une infirmière audacieuse qui chaque soir procurait à deux soldats la clef des champs ? Les hommes venaient frapper à la porte du presbytère. Ils savaient y trouver asile, repos et repas, en attendant d’être confiés à d’autres mains. Certains soirs, il y avait affluence et monsieur le Curé envoyait une partie de ses pensionnaires d’occasion dans une maison qu’il avait louée. Des avions anglais qui n’avaient tout d’abord comme piste d’atterrissage qu’une route venaient prendre le «butin» de la journée, déposer des émissaires et des consignes. Et l’on recommençait.
Il ne fut pas toujours possible d’utiliser l’avion. Il fallut donc emmener les évadés vers la zone sud. La zone « nono » avait au moins, dans les premières années, cela de bon : elle était un refuge. Emmener dix, vingt, cinquante hommes même certaines fois, n’allait pas, on le comprend, sans de grandes difficultés. Un jour, du côté de Varennes-le-Grand, l’abbé réussit ce beau coup : en une seule fois et à l’aide d’un passeur, il est vrai, soixante huit hommes et jeunes gens furent mis en sécurité. Une autre fois, c’était au début de janvier, DOM PASTIS apprend que le passeur prévu pour traverser le Cher vient de se faire pincer. L’urgence commande : dix-sept hommes accompagnent le prêtre et parmi eux, trois soldats anglais. «Un peu de courage, les amis». Et tous ensemble descendent dans l’eau glacée. Les têtes seules émergent. De l’autre côté une bande de chiens leur rend quelque chaleur en les obligeant à prendre la course.
Une autre fois encore, du côté de Châlons, comme il essayait de revenir en zone occupée, après avoir
conduit de l’autre côté trente-cinq hommes, DOM PASTIS est pris par les Allemands.
« J’avais sur moi, nous dit-il, trois cartes d’identité et un carnet fort compromettant. Tandis que les soldats me ramenaient avec d’autres à Châlons, distant de quatre kilomètres, je rumine sur le moyen de me débarrasser de tous ces papiers. Je fais l’éclopé et traîne la jambe. Bientôt, je suis légèrement en arrière. Le feldwebel m’en…guirlande avec toute la vigueur que sait déployer un gosier germanique. Je lui montre ma bonne volonté en faisant quelque effort, puis je traîne à nouveau. «Raus. Raus.» Au troisième essai, je trouve l’occasion favorable : un léger signe à des civils qui passent et je laisse tomber deux cartes et le carnet. Ouf ! je me sens sauvé. Désormais on ne peut me reprocher que d’avoir essayé de passe».
L’interrogatoire commence comme il est de règle par un passage à tabac sérieux. Complètement déshabillé, l’abbé sert, pendant un quart d’heure, de ballon d’entraînement aux soldats qui se le renvoient mutuellement à coups de poing, à coups de pied, à coups de crosses.
L’exercice terminé, on juge le patient à point pour l’interrogatoire proprement dit. On le cuisine, selon les termes du métier. Tout meurtri qu’il soit par les coups, le morceau se révèle coriace.
« Vous ne voulez pas parler. Bien. Votre père parlera pour vous». — Mon père ? vous l’avez tué en 1915, en Champagne. La riposte fait blêmir l’officier. Pendant quelques instants, les Allemands s’entretiennent dans leur langue et leur prisonnier les observe avec attention, essayant de surprendre à leurs gestes, à leur attitude, de quoi il peut s’agir. Un officier le remarque et brusquement : « Vous savez l’allemand ?» — « Non» — « Si» — « Vous suivez notre conversation. Vous avez étudié des langues étrangères». « Oui, l’anglais et le grec ». (C’était au moment de la campagne de Grèce). Le résultat est immédiat : une bonne série de coups de pied au derrière.
De guerre lasse, on veut lui faire signer une déposition selon laquelle il a été pris franchissant la zone. « Non, c’est faux. J’ai été pris dans le fossé. J’avais l’intention de passer, c’est vrai, mais je n’ai pas franchi la ligne». — « Pourquoi voulez-vous franchir la ligne ?» — « Mon évêque me réclame dans mon diocèse. J’obéis à mon supérieur. N’en faites-vous pas autant ?» — « Nous allons vous renvoyer en zone sud ». — « Je repasserai ».
Le greffier a écrit quelque chose. « Signez ». L’abbé regarde le papier. « Je veux qu’on me traduise le texte. Je ne comprends pas l’allemand ».
Finalement, l’abbé récolte quinze jours de prison. Comme il y avait trop de clients pour la maison, il est libéré au bout d’une semaine. « Ce furent, nous dit-il, huit jours de repos et de méditation. Le régime était maigre, mais je garde plutôt bon souvenir du séjour ». A peine libéré, il s’offre un bon repas pour reprendre des forces et, le soir même il passe la ligne de démarcation.
La Gestapo recourut à son habituel procédé. Un faux prisonnier se glissa dans le lot d’évadés. Trois jours plus tard, un enfant accourt. « Monsieur le curé, Monsieur le curé, les Boches sont là et le type de l’autre jour est avec eux ». — « Merci mon petit. Je file ». Quelques instants plus tard, les Allemands frappaient à la porte et la bonne pouvait leur répondre avec toute l’assurance que donne la sincérité : « Monsieur le curé est absent ».
L’absence devait être longue car Monsieur le curé, dans sa fuite tomba gravement malade et fit une hémoptysie. Envoyé pour quelques mois sur la Côte d’Azur, il passe au service des Renseignements français.
Il croit pouvoir rentrer pour le 15 août, mais les Allemands ne l’ont pas oublié. Trois semaines plus tard, tandis qu’il réparait un ballon de football pour ses enfants, le chien se met à gronder. « Tiens, dit le prêtre, on dirait que mon chien sent les boches. Il ne grogne que pour eux ». La réflexion est à peine faite que l’on frappe à la porte. Un homme se tient dans l’embrasure. « Monsieur le curé ? — « Oui ». Coup de sifflet immédiat qui fait surgir deux autres individus. « ça sent plutôt mauvais» pense l’intéressé. « Entrez par ici, Messieurs ». Au lieu de les conduire au petit salon, il les mène à la cuisine où la bonne faisait la lessive. Un coup d’œil suffit. La bonne feignant l’émotion, la maladresse, renverse la lessiveuse dans les jambes des hommes. Des jurons éclatent. Mais quelques secondes de distraction, c’était tout ce que voulait le prêtre,
qui, lestement, passe dans dans la pièce voisine, enjambe la fenêtre, saute dans le jardin et disparaît sans laisser deviner la direction prise.
Caché dans une meule de paille, il pouvait entendre et voir les Allemands surveiller les sorties de la bourgade. Deux heures plus tard, ses paroissiens le sortaient dissimulé dans une charrette de fumier ; les bons vieux trucs de 1914 n’avaient pas été oubliés. Son ancien instituteur, un maître d’école laïque, le reçoit, le fait se reposer chez lui quelques nuits et lui donne des habits civils. Il faut des pièces d’identité nouvelles et des photos.
Tandis que DOM PASTIS défroqué se trouvait chez un photographe, entre un client singulier qui le dévisage et la salue : «Bonjour, Monsieur le curé». Sans se déconcerter, l’interpellé regarde ailleurs tout surpris comme si le salut s’adressait à un ecclésiastique qu’il n’avait pas vu, et profitant d’un moment d’inattention, s’éclipse aussitôt.
L’agent de la Gestapo était tenace et il avait du flair. A la gare, Dom Pastis retrouve son homme qui montait dans le même train que lui. Sans hésiter, le prêtre descend à contre-voie et change de train. Il pensait bien cette fois avoir dérouté le policier. A Bordeaux, il s’installe vers onze heures du soir, au buffet de la gare, en attendant une correspondance. Il écrivait des lettres sans grand intérêt pour passer le temps lorsqu’il aperçoit, avec une stupeur mêlée d’admiration, le même homme toujours s’asseyant à la table voisine. DOM PASTIS sent que le plancher lui brûle les pieds mais il n’en laisse rien paraître. « Veuillez m’indiquer les W-C», demande-t-il à un garçon. Posément, laissant sur la table la lettre commencée, avec le stylo posé dessus comme s’il allait revenir dans un instant, DOM PASTIS s’en va dans la direction indiquée… et ne revient pas.
Un train de marchandises lui offre un asile peu confortable où cependant le sommeil le surprend. Vers 3 heures du matin, un employé le réveille. Enfin, à Mont-de-Marsan, une religieuse qui n’avait pas froid aux yeux lui fait franchir la ligne démarcation.
DOM PASTIS avait fait , une dizaine d’années auparavant, un séjour à Notre-Dame de Laus pour rétablir sa santé. Monseigneur l’Évêque de Gap, auquel il s’était adressé, l’invite donc à revenir et lui confie, tout près de la ville, la petite paroisse de La Rochette. Le fugitif a fait peau neuve et s’appelle désormais l’abbé LEROY. (NB : DAVAULT, bien sûr)
Prêtre plein de zèle, aimé de tous, le nouveau curé ne borne pas ses activités au ministère strictement sacerdotal. Ne faut-il pas d’ailleurs assez souvent, pour atteindre les âmes, rendre des services d’ordre matériel. Le Christ, notre Maître, n-a-t-il pas agi de cette manière dans l’Évangile. Secrétaire de mairie, l’abbé LEROY recommence donc le travail entrepris dans le Nord, procure à ses jeunes gens et à bien d’autres des cartes d’identité tout à fait en règle, des cartes d’alimentation. Il case les jeunes qui refusent d’aller travailler pour l’ennemi, leur trouve du travail dans les paroisses rurales du Champsaur ou ailleurs, s’entend avec M. l’abbé POUTRAIN auquel il envoie une quinzaine de ses jeunes gens. De Paris même on lui envoie, par l’intermédiaire d’un Professeur du Petit Séminaire, un jeune abbé auquel il trouve du travail au centre même de Gap. Avec tous ces jeunes, il maintient le contact, les amène à l’idée d’un groupement, à transformer leur résistance passive en résistance active. De ces camouflés, il va faire des maquisards, des Résistants. Un vrai maquis s’amorçait déjà par ses soins quand il doit faire face aux conséquences d’un aveu arraché par la torture.
Sur les 23 jeunes gens arrêtés par la Gestapo dans la maison de l’abbé POUTRAIN, douze avaient été placés la-bas par M.l’abbé LEROY. Terrorisé, l’un d’eux laissa échapper quelques aveux suffisants pour orienter les soupçons des Boches.
Mais l’abbé se tenait sur ses gardes. De la mairie, il avait fait disparaître les papiers compromettants et, la nuit, il s’en allait coucher chez ses paroissiens ou à Ancelle, chez le plus accueillant des confrères, M. l’abbé VIVIAN. Le 17 novembre, alors qu’il faisait déjà nuit, on signale qu’une voiture monte vers La Rochette. Vite, l’abbé se réfugie sur le Chapeau de Napoléon d’où il peut voir les lampes électriques nombreuses se diriger vers la cure.
Chaque jour ou presque, malgré la neige, le mauvais temps, la longueur d’un difficile trajet, l’abbé LEROY revenait à La Rochette, pour son ministère. Un code très simple lui indiquait s’il pouvait ou non approcher du village. Sa bonne avait-elle mis du linge blanc à sécher dans le jardin ou derrière la cure ? Bon signe. Étaient-ce des bas, des étoffes noires ? Danger. On aurait pu s’étonner qu’il y eut tant de linge à laver à la cure et si souvent, mais l’intelligence tudesque est
épaisse et ne trouvait point étrange que l’on mît du linge à sécher par un temps de neige ou de pluie.
Certain jour, l’abbé LEROY qui devait descendre à La Rochette se vit retenir par l’abbé VIVIAN. « Allons, petit Père, ne sois donc pas si pressé de me quitter. Aide-moi plutôt à éplucher ces légumes ». — « Mais j’ai affaire la-bas ». — « Aide –moi encore un peu et ne cours pas au devant du danger ». Était-ce un pressentiment ? L’abbé LEROY part, atteint le Chapeau de Napoléon et voit des torchons blancs claquant sur les cordes. «Bon, ça va ». Mais il s’arrête soudain de descendre, le linge blanc vient de faire place à des bas noirs. Les Allemands arrivent. Vite demi-tour. L’abbé s’en alla manger avec son confrère les légumes qu’il venait d’éplucher.
Il est étrange comme les secrets de la Résistance étaient parfois ébruités. Nous avons nous-même, à cette époque, entendu dire à Gap : « Le curé de La Rochette est à Ancelle », et ce n’était pas à nous que l’on s’adressait. Ce qui tombait dans notre oreille aurait pu tomber dans une autre. Tout le monde ou presque dans les Alpes était sympathique à la Résistance, d’où cette confiance dans l’expression des sentiments, cette imprudence aussi quelquefois dans les informations répandues. Il devenait opportun de chercher asile à distance plus respectueuse de Gap. Une auto bien connue, conduite par M. VASSEUR, un ami de Gap, vint cueillir M. l’abbé LEROY pour le conduire d’abord à Gap chez M. Raymond RIBAUD et ensuite chez M. POIRIER, à Aspres-sur-Buëch. De là, il gagna la Drôme.
A qui demander asile? Un prêtre s’adresse naturellement à ses confrères. Il s’en fut donc frapper à la porte du couvent d’Aiguebelle. Les bons moines ne le reçurent qu’avec une grande méfiance et le firent surveiller de près. Pour comble de malchance les lettres de recommandation attendues de Gap ne vinrent point et l’abbé se trouvait absent le jour où Monseigneur PIC, évêque de Valence, ancien évêque de Gap, fit une visite au ministère. On en conclut que l’hôte inquiétant avait craint d’être démasqué par l’évêque.
La suspicion devenait odieuse. « C’est bon, je vais aller à Valence, malgré la Gestapo». La malchance décidément s’attachait aux pas du fugitif : l’évêque était absent ce jour-là. L’abbé revient donc frapper à la porte du monastère qui, cette fois, refuse pratiquement sinon catégoriquement de le recevoir. Il peut enfin rencontrer Monseigneur PIC qui le reconnaît aussitôt et lui ouvre paternellement les bras. « L’évêque fut épatant », nous disait l’abbé dans son langage familier.
Désormais l’abbé LEROY devient M. LEPRÊTRE, chargé d’aider le curé-archiprêtre d’Etoile-sur-Rhône, alors souffrant, et des papiers ecclésiastiques lui sont remis. Comme Monseigneur PIC ne fait jamais les choses à demi, l’abbé reçoit, avec la joie que l’on devine, un laisser-passer permanent, valable de nuit comme de jour.
Croyez-vous qu’après tant d’aventures DOM PASTIS va laisser tomber la Résistance, se contenter de son ministère, chercher l’oubli, le repos ? Ce serait mal le connaître. Il entre en contact avec les chefs de la Résistance de la Région et reprend le travail sur une plus large échelle.
Il lui faut parfois circuler en civil. Il est alors le professeur libre VALLAUD, précepteur chez une comtesse quelconque et dûment muni de certificats. Au cours d’une rafle, il est arrêté , mais il s’exprime avec tant d’amertume sur les Anglais que les soupçons s’éloignent et qu’on le laisse filer.
Cependant la surveillance se resserre. Le Chef du Maquis du Grésivaudan est arrêté dans les parages. A-t-il sur lui des papiers pour l’abbé ? En tout cas, celui-ci s’empresse de prendre le large. C’était le 20 mai. Comme il savait l’imminence du débarquement, il revient dans les Alpes.
En cours de route, M. LEROY – LEPRÊTRE – VALLLAUD -PASTIS, COMME VOUS VOUDREZ, frappe à la porte des Pères Spiritains d’Allex ; la porte reste close. Mais les RR. PP. de Taulignan, les Cric, comme nous disons familièrement par ici, le consolent de toutes les déceptions. Il
trouvait là des hommes de sa trempe, tel ce fameux PÈRE JACQUES qui savait si bien voler les camions de la Wehrmacht. ( Quel dommage que nous ayons reçu l’ordre formel de taire un invraisemblable enlèvement de camions, invraisemblable et pourtant vrai !).
L’abbé regagne les Hautes-Alpes, passant par Montclus, Serres et Veynes. Le voyage commencé en vélo (105 km en un jour) s’achève en auto. Il atteint Gap et, comme il estime prudent d’éviter l’avenue de Grenoble, il s’engage dans la rue des Jardins et tombe sur un barrage allemand. « Papiers ».
Derrière lui, dans la voiture, une femme, la servante d’un Résistant, s’évanouit (scénario monté d’avance). « Je conduis une patiente à la clinique, ça presse ». Et le soldat, bonasse : « Gut, gut. Bassez » . Tout près de la clinique, nouveau barrage, nouvel arrêt. La femme est toujours évanouie. Même mimique, même résultat. Et l’abbé, un peu rouge mais rayonnant, serre les mains de son ami le docteur Antonin CORONAT.
Quelques jours de repos à la clinique et le 20 juin le nouvel aumônier du Maquis champsaurin prend possession du secteur que les chefs de la Résistance lui confient. Il était temps, 24 heures plus tard, le docteur CORONAT était arrêté par le sinistre VALLET. Cf. p. 22
C’est au maquis du Champsaur que l’abbé reçoit l’original surnom, DOM PASTIS. Pourquoi ce nom d’apéritif ? Tout simplement parce que le groupe avait décidé de prendre des noms de guerre dans la série des apéritifs, tout comme d’autres groupes avaient le leur dans une série liturgique et portaient des patronymes inattendus : vitrail, bénitier, confessionnal. Ici, le commandant DAVIRON s’appelait RICARD, d’autres BERGER, RAPHAËL, MÉLÉCASS. L’aumônier devint DOM PASTIS.
Au maquis,on travaille ferme en ces dernières semaines qui précèdent l’effondrement de l’occupant exécré. Réceptions de missions parachutées et d’armes, coups de main, sabotages, déplacements d’un secteur à l’autre pour dérouter l’adversaire,liaisons, combats véritables même. L’aumônier ne se contente pas d’apporter aux hommes le réconfort d’un soutien spirituel quand ils sont au repos dans leurs campements, il les accompagne dans leurs coups de main. « N’est-il pas normal que je sois avec eux quand le danger les guette ».
C’est pourquoi l’aumônier se trouvera,le 17 juillet, au centre du combat de Laye, près du lieutenant qui commande l’action. Malgré l’impressionnante et désagréable chanson des balles, il ne broncha pas. C’est pourquoi il accompagne les colonnes qui se lancent , le 20 août, à l’assaut de la colline de Puymaure. Il avait bien le droit ensuite de défiler avec les F.F.I; vainqueurs dans les rues de la ville libérée.
Aujourd’hui, DOM PASTIS nous a quittés pour regagner le Nord où l’attendent des tâches importantes : une paroisse à relever de ses ruines matérielles et morales. Du travail nouveau : n’est-ce pas pour un bon ouvrier la meilleure des récompenses ? »
( 13 juillet 1945)
Le combat de Laye : Plan de l’embuscade et l’emplacement des combattants
Source : M. Bernard DELAFOULHOUSE (Rechercher sur Internet « Le combat de Laye et la maquis du Champsaur)

1 / Lieutenant CURTET (dit Martial), l’aumônier DAVAULT, Lieutenant BÉNAZECH.
2 / Groupe ROBERT (1 fusil-mitrailleur).
3 / Un groupe. (2 mitraillettes).
4 / Groupe CHABAUT (2 mitraillettes).
A / Premier arrêt de la voiture de la Gestapo.
B / Deuxième arrêt, au lieu dit «Les Roberts ».
C / Mitrailleuse.
D / AMÉDÉE PARA tomba en cet endroit.
Avec eux, M. l’abbé DAVAULT, l’aumônier du Maquis. Nous parlerons un jour, nous l’espérons, de ce prêtre, héroïque passeur d’hommes, auquel 972 Français (neuf cent soixante- douze) doivent d’avoir échappé aux griffes de l’occupant. Pendant le combat, il saura, en plus de son ministère, assurer des liaisons difficiles en terrain découvert. »
Autre extrait de l’abbé Richard DUCHAMBLO, où il relate l’arrestation d’un médecin du maquis, le Docteur CORONAT et ce qui aurait pu arriver à l’abbé DAVAULT, caché au même endroit.
« La Résistance, dans les Hautes-Alpes et la vallée de l’Ubaye, avait organisé un service médical en prévoyance des coups durs. Chaque groupe avait ses remèdes, ses pansements et savait sur quel médecin voisin il pouvait compter. Pour les cas graves, il était prévu que l’on ferait appel au Docteur Antonin CORONAT qui avait la faculté de circuler de nuit comme de jour avec sa voiture (…) et de transporter de soi-disant malades, qu’il recevait discrètement à la clinique en attendant de les faire passer en Suisse.
A la clinique, la Gestapo aurait pu trouver à peu près tous ceux qu’elle cherchait: les officiers de la Résistance, les agents anglais, l’abbé DAVAULT, condamné à mort, et notre préfet lui-même, M. PASCAL, chef des M.U.R. » Cf. p. 21
Extrait d’une lettre adressée par M. l’abbé Davault , aumônier du Maquis, à la maman d’Amédée Para, au lendemain de ta mort :
NB : Amédée PARA (1926-1944), Scout de France, résistant dès le début de la guerre, est mort à 18 ans dans le combat de Laye. Source : Bulletin des Scouts de France, tirage limité réservé à la famille d’Amédée Para, 160 ex.)
« Ce 20 juillet 1944.
Madame,
… Je veux insister sur l’esprit d’abnégation de votre cher fils ; arrivé depuis trois jours seulement il avait déjà conquis tous ses camarades; toujours volontaire pour les petites corvées inhérentes à la vie qu’il avait choisie, il a voulu être volontaire jusqu’au bout et n’a pas hésité à approcher la mort pour sauver tout un groupe de ses camarades. « Être prêt et servir » aura été sa devise qu’il a remplie jusqu’au sacrifice suprême. Le souvenir de sa conduite héroïque doit être un baume qui atténuera votre peine…
J’avais bien hésité à l’accueillir quand il était venu solliciter l’honneur de « servir »… l’honneur a été pour moi et pour ses chefs. Je l’aimais vraiment comme un frère cadet, je devrais plutôt dire comme un fils et sa mort m’a atteint à vif, j’oserais presque affirmer autant que vous. Je fondais tant d’espoir sur lui qui avait tout un brillant avenir devant lui… Le Bon Dieu en a décidé autrement; ses desseins sont impénétrables. J’ai l’impression que votre pauvre cher enfant était trop noble d’esprit et de cœur pour connaître un jour la boue de la vie quotidienne que nous sommes appelés à connaître un jour ou l’autre, qui que nous soyons. Le Bon Dieu l’avait discerné au milieu de ses camarades; il était magnifiquement prêt et le Divin Maître l’a rappelé à lui dans des conditions qui soulignent de façon extraordinaire son noble idéal du Devoir.
Ce vous sera sûrement une consolation d’apprendre qu’il était vraiment prêt à paraître devant Dieu : Il me servait la messe et communiait tous les jours et le matin même de sa mort il avait exhorté ses camarades à la contrition et à recevoir l’absolution dans les meilleures dispositions. Je ne doute pas que le Bon Dieu ail agréé son sacrifice pour la noble cause qu’il avait embrassée; sa mort est le prélude du relèvement de 1a Patrie qu’il envisageait avec une conception au-dessus de son âge. Dites vous bien que sa mort n’a pas été inutile : elle rachète la lâcheté de tant de nos semblables qui hésitent trop ou même fuient devant le devoir, le seul devoir. Son souvenir doit être pour vous un stimulant et doit relever votre courage momentanément et humainement effondré. N’oubliez jamais que vous êtes une Maman, une Maman française, mieux encore, que vous êtes la Maman d’un héros et d’un chrétien qui a su vivre sa foi jusqu’aux dernières limites du sacrifice »
Attribution, le 11 Novembre 1944, de la Croix de Guerre avec Palmes, signée par le Général De Gaulle
NB : L’abbé Davault a refusé environ une douzaine de médailles et c’est lui-même qui a insisté pour que celle-ci, la seule acceptée, ne soit pas mentionnée au Journal Officiel
L’Abbé Davault défend Monseigneur Dutoit, évêque d’Arras, faussement accusé de collaboration
L’abbé Davault donne de l’argent pour créer une ferme à spiruline (algue très nutritive) afin de lutter contre la malnutrition en Afrique
Source : http://spirulinefrance.free.fr/lespetitesnouvel.html (année 2005)
(En novembre 2005, Valeria et Jérôme Faveeuw (agronome) ont quitté la France fin Novembre 2005 pour émigrer en Argentine, dans la province de Rosario, avec le projet d’y monter une ferme de spiruline.)
Pour la petite histoire il est intéressant et émouvant d’apprendre comment Jérôme a connu la spiruline. C’est par l’intermédiaire de l’abbé Louis Davault, âgé de 96 ans, prêtre qui avait jadis baptisé la mère de Jérôme. A l’occasion de la fête des 50 ans d’ordination du Père Louis Davault, il y a une dizaine d’années, un ordinateur lui fut offert, mais il préféra toucher l’argent correspondant, dont la moitié fut donnée aux sœurs Augustines Hospitalières pour aider à la réalisation de leur projet de ferme de spiruline à l’Hôpital d’enfants de Dapaong (Togo).
Ce projet fut réalisé en 1998 (54 m² de bassins) par Pierre Ancel (CODEPHI, à l’époque), avec l’aide financière du Gaz de France, et il est toujours en fonctionnement.
NB : L’abbé était très en avance sur son temps, la spiruline étant à peine connue même maintenant.
Prière, écrite par lui-même, que l’Abbé Davault, avait demandé de lire pour son enterrement
Source : Prière confiée par Mme Odette Faveeuw.
En Tes mains,Seigneur,je m’abandonne sans réserve !
Je veux mourir dans la foi de mon baptême et dans l’éternelle beauté de mon Sacerdoce.
Je remercie le Bon Dieu de toutes les grâces dont il m’a comblé dans les joies et les épreuves de cette vie et, en Lui, je remercie du fond du cœur toutes les personnes qui m’ont aidé, guidé, conseillé, aimé ou fait souffrir.
A ma souvenance, je n’ai jamais, de propos-délibéré, manqué à la loyauté ni voulu causer de peine à personne. Et,pourtant, je me rends très bien compte que j’ai fait de la peine, en bien des circonstances, surtout par l’intransigeance de mon caractère. A toutes les personnes qui auraient eu à souffrir de mon comportement, je demande bien sincèrement et bien humblement pardon.
Je me recommande aux prières instantes de tous mes anciens paroissiens de Gouy-en-Artois, de La Rochette, de Bonnières et de Tangry, avec qui j’ai goûté véritablement la joie dans le sacrifice, tout au long de mon ministère. Je sollicite également les suffrages de mes confrères, des Religieuses de la Providence d’Arras, à qui je dois tant et de toutes les personnes qui m’ont si gentiment et amicalement entouré, ainsi que Mademoiselle, durant ma longue retraite sur la Presqu’île de Giens.
Au Bon Dieu,souverain Juge, je demande pardon de toutes mes fautes de tous mes manquements, de toutes mes imperfections, de toutes mes omissions.
Je renouvelle à la très Sainte Vierge l’expression de ma grande dévotion d’enfant très aimant. J’ai toute confiance en son secours et en son recours et je lui demande, en dernière prière, de concrétiser par des grâces de choix mon merci chaleureux à toutes -les personnes de valeur et dévouées qui m’ont accompagné sur le chemin de la vie et qui m’ont tant aidé en tout ce que j’ai pu réaliser.
Puisse le Divin Maître agréer l’oblation que je lui fais de tout ce que j’ai et de tout ce que je suis pour l’extension de son Règne dans le monde et pour la sanctification et le salut de toutes les âmes, qu’il a placées sur ma route de prêtre.
Témoignage de Monsieur Jean-Claude BOUFFEL, 2 juin 2015
« Mon privilège d’enfant de cœur : avoir servi ce prêtre tellement exceptionnel au point que son souvenir en est gravé à jamais dans le cœur de ceux qui ont eu le privilège de le côtoyer.
Un caractère certes, une rigueur à l’image de ses convictions profondes et de ses règles de vie admises puisque justes dans le sacrifice, le partage, la dévotion au service des autres rappellent ce grand homme de DIEU qu’il était.
Son image de le France et son patriotisme étaient tels qu’il s’est engagé dans la résistance à un très haut niveau pour contribuer à la libération de son pays au prix de sacrifices et de tortures qui ont affecté sa santé mais jamais son grand courage.
Merci Mr le Curé pour tout ce dont nous nous sommes inspirés de votre exemple sans jamais pouvoir égaler cet homme d’exception que vous étiez et que personne ne démentira. »
Témoignage de Monsieur et Madame Emmanuel et Thérèse LEMAIRE (Bonnières), 3 juin
«J’avais 22 ans, j’en ai 85… un coup de téléphone à la cabine communale me demande de rappeler l’abbé Davault, ce que je fais aussitôt…L’abbé que je connais peu me fixe un rendez-vous chez lui le lendemain à midi…je m’y rends… Il a appris que j’accompagnais au cinéma à Fortel une jeune fille de Bonnières qui est responsable de la JAC et qu’il apprécie beaucoup. Il me demande si c’est pour m’amuser ou pour durer… j’ai perdu mon père il y a 2 ans, j’ai fait malgré tout mes 18 mois de service militaire. J’ai la responsabilité de la ferme de famille. Je souhaite simplement faire plus ample connaissance…L’échange s’est terminé là…
L’abbé avait été nommé à Bonnières en juin 1945 , car après avoir quitté l’armée, il avait souhaité s’occuper d’une paroisse très touchée par la guerre..Il s’est beaucoup investi dans la reconstruction du village démoli à 98% par les nombreux bombardements.
Il a suscité des vocations religieuses : André Clovis, prêtre, Georges Parent, moine bénédictin, Thérèse Bacquet, religieuse, et Suzanne Tellier, religieuse. Il a développé l’école libre avec des religieuses, le patronage pour les enfants, le théâtre pour les adolescents et les adolescentes… sans mixité… ! Ses connaissances scientifiques et médicales lui permettaient d’entrer chez les gens croyants ou non croyants… Il s’occupait des dossiers de dommages de guerre des habitants et n’hésitait pas à se rendre à Paris pour les défendre. Il avait, quand même le temps de chasser… en soutane, soutane qu’il a gardée toute sa vie.
Le 17 Septembre 1953, l’abbé nous mariait à Bonnières dans le baraquement qui tenait lieu d’église. Nous reprenons une ferme à reconstituer à Villers… la vie continue, nous avons nos quatre enfants et nous prenons, en 1961, nos premiers jours de vacances en Belgique. Au retour, un camion grille un stop , Thérèse et trois de nos enfants sont blessés. Thérèse est annoncée comme morte le lendemain à la radio.. J’ai beaucoup de responsabilités au village, je prends conseil et nous quittons la ferme en décembre 1963 pour un emploi de conseiller de gestion à Arras.
En 1965, nous partons avec une caravane pliante à Lourdes et nous repassons à Giens chez l’abbé. Nous campons dans la vigne qu’il a achetée pour y construire la Bastide St Pierre… ce sont nos premières vacances à Giens et nous y reviendrons 8 ans de suite. Nous y avons passé de bons moments, des discussions très vives, des souvenirs de guerre, de Bonnières, le jardin , la pétanque. « Vous me rajeunissez de 10 ans en venant me voir. » disait-il…
En 1974, nous allons en vacances en Haute Savoie chez des amis boulangers ; l’abbé nous dit : « Si vous allez en Haute Savoie , vous ne viendrez plus me voir à Giens , je connais bien la région »…Nous
sommes retournés le voir plusieurs fois au cours des années suivantes pour un séjour plus bref…
Nous nous sommes écrit très souvent. Chaque année pour le Nouvel An, il recevait ces dernières années, une centaine de lettres auxquelles il répondait…
Nous gardons de lui un excellent souvenir pour sa sincérité et sa bienveillance à notre égard…
Témoignage de Monsieur Marc BOUFFEL, 04 juin 2015
« J’ai eu la chance de connaître l’abbé Davault dans mon enfance à Bonnières.
Je l’ai revu depuis, plusieurs fois à Giens où j’ai pu constater qu’il était d’une grande fidélité envers ses connaissances.
Je garde le souvenir d’un homme intelligent, avisé, intrépide et d’une grande générosité.
C’était un homme animé d’une grande foi qu’il savait communiquer aux jeunes d’aujourd’hui.
Je me réjouis qu’on célèbre sa mémoire d’homme généreux et de résistant en donnant son nom à la salle communale de Gouy en Artois dont il est à l’origine. »
Témoignage de Madame Nicole Arnaud (Gap), 05 juin 2015
Merci Monsieur L’Abbé.
En souvenir des moments passés avec mon mari,pour lequel vous avez été le lien spirituel avec DIEU,à Giens, à La Rochette et chez nous à Gap.
J’ai pu apprécier votre grand cœur et vos grandes valeurs humaines. Vous m’avez donné la force d’avancer et un exemple que je n’oublierai jamais.
Note de Mme Faveeuw : Toute la famille Arnaud a beaucoup entouré et aidé l’abbé à Gap et encore à Giens.
Témoignage de Monsieur l’Abbé André Clovis, originaire de Bonnières, 07 juin 2015
Dès mon enfance, à 8 ans, j’ai été profondément marqué par l’abbé Davault, qui, à son arrivée, a logé un certain temps sous tente, avant de s’installer dans un baraquement. Il n’a pas vécu replié dans son église et son presbytère. Il était ouvert au monde, disponible à tous et à toutes : aux non chrétiens, aux chrétiens pratiquants et non pratiquants. Il en a transporté dans sa voiture des personnes qui avaient des démarches administratives à faire pour la reconstruction de leur maison ! Il en a visité et soigné des malades ! Quand la chasse était ouverte, on le voyait après la messe dominicale partir avec son fusil rejoindre les hommes en plaine (ce qui lui a valu parfois des remarques de la part des autorités religieuses).
Mes parents, bouchers, ne pouvaient pas être fidèles à la pratique dominicale. Cela n’a pas empêché l’abbé de m’appeler parmi ses enfants de chœur… puis, plusieurs années après, de me proposer d’entrer au petit séminaire de Bouvigny-Boyeffles. J’ai accepté, espérant avoir une vie semblable à la sienne.
Malade, il a dû quitter Bonnières puis Tangry avant de rejoindre Giens. J’ai eu la joie de l’y retrouver pour quelques jours à mon retour d’Algérie où j’avais été marqué par un autre prêtre, le Père Seité, aumônier militaire, tué en embuscade après avoir célébré la messe dans un poste avancé. Hélas, l’état de santé de l’abbé Davault ne lui a pas permis de revenir dans le diocèse pour mon ordination sacerdotale et la célébration de ma première messe à Bonnières.
Témoignage de Monsieur Georges Magnin, 08 Juin 2015
Cher Monsieur L’Abbé,
Je vous ai connu au début de l’automne1969, arrivant un jeudi matin pour le catéchisme dans une maison d’enfants à Giens où je travaillais comme éducateur.
Votre silhouette maigre, en soutane avait quelque chose d’inhabituel. En effet, âgé de 22ans à l’époque, je n’acceptais pas facilement les curés en costume à l’extérieur !
Un enfant m’avait fait cette réflexion naïve : alors, le curé, quand il est en dehors de l’église ,il n’est plus curé ?
Je suis resté en contact avec vous parce que j’avais senti que vous étiez un homme d’une grande bonté avec un grand discernement et de grand conseil pour moi-même.
Pendant de nombreuses années, nous avons eu des visites régulières.
Je n’oublie pas d’évoquer votre courrier de fin d’année, écrit à la main malgré votre age.
Je pense aussi au baptême de ma fille à l’église de l’hôpital Sabran.
Vous avez toujours été disponible et vous aviez toujours une réponse ,une appréciation de chaque situation et une réelle connaissance de l’évolution du monde.Votre lucidité était hors du commun.
Lors d’une visite à la fin des années 90, j’ai cru que Dieu était en train de vous rappeler à lui mais l’arrivée d’Odette que vous aviez baptisée et de son fils Antoine vous ont fait reprendre la vie.
Faut-il parler de miracle? On pourrait parler de résurrection ?
Monsieur l’Abbé, votre foi était profonde, votre amour intense, votre franchise sans égale.
Vous aviez horreur du mensonge, des compromis de la politique. Votre franchise confondait les voyous de ce monde.
Vous aviez un passé glorieux, des actes héroïques pendant le dernier conflit mondial mais vous en parliez peu sans jamais vous mette en avant. Vous saviez mettre les tricheurs à genoux.
Ce que vous avez réussi avant tout,cher monsieur l’Abbé, par votre foi et votre amour, c’est de réconcilier beaucoup de gens avec Dieu en chassant le doute et le mal.
Je me sens bien petit face à vous mais qu’il est bon de revenir sur ces bons moments passés près de votre cheminée ou à votre table où je vous faisais plaisir avec mon gros appétit !
Encore un immense merci Monsieur L’Abbé.
Remerciements
Nous remercions cordialement tous ceux qui ont mis leur travail à notre disposition et qui nous ont autorisés à le reproduire, ceux qui ont passé du temps à nous répondre par téléphone, par mail, par courrier. Merci encore !
Monsieur l’Archiviste de l’évêché du Diocèse de Gap
Madame Nicole Arnaud
Monsieur Michel Beirnaert
Monsieur Jean Claude Bouffel
Monsieur Marc Bouffel
Monsieur l’Abbé André Clovis
Monsieur André Coilliot
Monsieur Bernard Delafoulhouse
La famille Faveeuw, et surtout Madame Odette Faveeuw, qui s’occupa de l’Abbé Davault
durant 8 ans et qui , après avoir passé des heures au téléphone, nous mit en contact avec une multitude de témoins. Elle nous a procuré des photos et beaucoup de renseignements.
Monsieur et Madame Lemaire
Monsieur Georges Magnin
Fait à Gouy en Artois, le 8 juin 2015
Danièle et Jean-Pierre D’Hollander